Introduction

Depuis des décennies, l'homme n'a plus envie de s'impliquer dans la vie politique. De longs combats l'ont mené à obtenir une citoyenneté qui, anesthésié par les dérives de notre temps, ne souhaite plus exercer. Triste époque, triste règne du peuple qui ne prend pas soin de son jardin, laissant ainsi proliferer les abus, l'injustice, l'iniquité des lois et la corruption jusqu'à sa propore maison.

Cependant une cité, se trouvant quelque part sur ce globe, ne connait pas ces tares. Son nom est Minervapolis1. Ses citoyens sont les plus zélés au monde. Sa constitution relègue au passée les démocraties libérales les plus avancées. La sagesse de l'homme, après des siècles d'essais pour établir une société juste, a enfin pu établir une organisation politique digne d'elle.

Cet ouvrage électronique propose au lecteur curieux de découvrir la cité de Minervapolis, sa constitution et ses mœurs.

1

Minervapolis est un modèle de cité en puissance.

Toponomie

Minervapolis est dédiée à Minerve1, déesse romaine de la sagesse, de l'intelligence, de la pensée élevée. Son nom est formé du prefixe de cette divinité et du suffixe polis2.

Le symbole de Minervapolis est la chouette3 qui image la sagesse. Cette représentation animale pour formaliser cette vertu a régulièrement été ensuite utilisée par les philosophes dont Hegel :

« La chouette de Minerve prend son envol au crépuscule ».4

Cette citation est la devise de Minervapolis. Elle signifie que la conscience prend du retard sur l'action. Le progrès technique (l'action) interviendrait avant la prise de conscience de celui-ci. Les formidables avancées technologiques des derniers siècles ont considérablement modifé la société, entraînant bon gré mal gré des avantages mais également des inconvénients que l'humanité peine à résorber. Parmi l'un des défis majeurs du XXI\( ^e \) siècle figure le réchauffement climatique dont les activités humaines sont la principales cause5. Sa prise de conscience sur le tard diminue nos chances de le freiner avant que n'apparaissent des dommages irréparables sur notre environnement.

1

Minerva en latin.

2

Dans la Grèce antique, une polis est une communauté de citoyens souvraine et indépendante organisée autour de cultes et de lois.

3

La chouette est le symbole de Minerve qui l'emprunte à Athéna.

4

L'allégorie est présente dans la préface de Principes de la philosophie du droit.

5

Sixième rapport d'évaluation du GIEC.

Idéologie

Avant de présenter la cité de Minervapolis. Il est nécessaire d'éclairer le lecteur au sujet des idées sur lesquelles elle s'appuie. Etant une pure construction rationnelle, il est, en effet indispensable de raisonner sur des concepts philosohpiques pour aboutir à un résultat satisfaisant. Tout comme Euclide qui se base sur des axiomes1 pour concevoir sa géométrie, Minervapolis repose également sur des principes ou des paradigmes pour développement son modèle.

Sommes-nous dans le meilleur des mondes possibles ?

Si nous répondions par l'affirmative à cette intérogation, il serait dangereux de vouloir une autre société différente. Les organisations sacrales concidèrent tout changement comme une offense aux dieux qui ne manqueront pas de se venger. L'évolution est proscrite pour assurer la périnnité du groupe. Comme Candide2, nous pourrions être confrontés, jour après jour, aux pires maux de notre société : crimes et guerres les plus sordides, crises sociales et économiques les plus dures en passant par les iniquités dans les décisions prises par les hommes politiques, ou bien encore à des fonctionnaires concussionnaires qui dilapident l'argent public. Les qualificatifs ne manquent pas. Ces mots se trouvent toujours dans les dictionnaires. Le mal est parmi nous mais il ne pourrait être autrement, nous serions incapables d'agir sur lui. Nous vivrions alors dans le meilleur des mondes possibles. Le mal serait inhérent à notre société. Sans lui, il ne peut y avoir de bien. Il serait présent pour le mieux. Pour concevoir l'univers, Dieu n'aurait pas eu d'autres choix. On peut s'en désoler mais puisqu'il ne peut y avoir un monde supérieur, nous ne pouvons que l'accepter comme un moindre mal.

On pourrait s'y accomoder ! Espérer que le mal restera loin de nos vies pour vaquer tranquillement à nos occupations. Pourtant, à travers l'Histoire, nous pouvons voir que le sort des hommes s'améliore : les ouviers du XXI\( ^e \) siècle ont des meilleures conditions de travail que les ouvriers du XIX\( ^e \) siècle ; un malade de l'époque contemporaire a plus de chance de guérir que ses aieux de l'époque médiéviale ; la famine a disparu de nombreuses régions ainsi que les autres fléaux qui enlevèrent la vie de tant d'hommes. On constate donc une évolution sur le plan temporel mais nous pouvons voir également aujourd'hui des pays avec des niveaux de vie plus élevés que d'autres. La sagesse dira alors qu'il est possible de diminuer les maux de notre société. L'homme peut intervenir sur le destin de l'humanité. Pour y arriver, en bons jardiniers, « il faut cultiver notre jardin »3. Corollaire ! Si l'homme peut influencer le monde voire le perfectionner, il peut également le dégrader à travers de mauvaises lois faites par lui-même4.

Nous considérons donc qu'il est possible de modifier, changer la société dans le but de l'améliorer. Ce qui implique immédiatement une autre question, comment y parvenir ?

Comment rendre une organisation humaine meilleure ?

Il est plus simple de s'accorder sur les problèmes que sur les solutions. La pensée de gauche voit dans l'inégalité une injustice. Celle de droite y voit un juste ordre des choses.

1

Propositions non démontrées. Principe évident qui n'a pas besoin d'une démonstration.

2

Personnage principal du conte philosophique de Voltaire Candide ou l'Optimisme. Voltaire y caricature la théodicée de Leibniz.

3

Conclusion de Candide dans le conte précité.

4

Ce constat qu'il est possible de changer les normes sociales en vigueur, sans s'attirer un chatiment divin, a été formulé par les penseurs grecs, notamment les sophistes, qui ont pris conscience qu'il existait une différence nette entre les cités du monde méditerranéen. Puisque l'homme est le même partout mais que les lois sont différentes entre les cités, il est possible pour une organisation sociale de vivre sous d'autres lois et remettre en cause ses coutumes.